Maintenir un serrasalmus solitaire en aquarium
Avant de se lancer
Faire le choix de maintenir un piranha solitaire, c’est d’abord décider de ne consacrer son aquarium qu’a un seul poisson. En général, les éleveurs de piranhas commencent d’abord par un banc de Pygocentrus Nattereri et décident d’acquérir une espèce du genre Serrasalmus par la suite.
De nombreuses questions se posent pour le débutant. On se demande pourquoi les piranhas du genre Serrasalmus ne supportent pas leurs congénères, par exemple.
Il faut savoir que contrairement aux piranhas du genre Pygocentrus, les Serrasalmus sont des espèces semi-grégaires, qui passent la majeure partie de leur temps en solitaire ou en tout petit groupe désorganisé dans le milieu naturel. De plus, les Serrasalmus sont des poissons piscivores, et plus spécifiquement mangeurs de nageoires. Il faut donc plusieurs milliers de litres d’eau pour que des Serrasalmus puissent cohabiter ensemble et se reproduire. Dans nos aquariums, les cohabitations entre Serrasalmus de la même espèce aboutissent en général à des échecs cuisants (il y a de rares exceptions avec certaines espèces plus tolérantes).
En aquarium
Un jeune Serrasalmus vient toujours du milieu naturel ou d’une ferme d’élevage puisque ces poissons ne sont pas reproduits pour le commerce aquariophile. Cela induit un comportement farouche : il va se passer un très, très long moment avant que le poisson ne s’adapte à la vie en aquarium. Il va rester camouflé dans un coin en un total immobilisme pendant plusieurs semaines, mois ou année. Sans mentir, cela est d’un ennui mortel pour l’aquariophile (aucun comportement social, pas de mouvement). Il faut également savoir que ce comportement d’immobilisme perdurera tout le long de la vie du poisson, mais dans une moindre mesure. L’aquarium semble désert et ne présente en général aucun intérêt. Nombreux sont les propriétaires qui décident simplement de revendre leur spécimen après quelques mois de maintenance. On peut alors se demander où trouver de l’intérêt dans la maintenance de ces animaux.
Un gros spécimen de piranha noir en aquarium
Les aquariophiles qui maintiennent des Serrasalmus sur le long terme sont ceux qui travaillent le décor, cherchent à optimiser l’environnement immédiat du poisson dans le but de le rendre moins farouche, plus mobile. La croissance, certes très lente en aquarium est néanmoins visible au bout de quelques mois. Le spectacle d’un Serrasalmus est fascinant et parfois impressionnant. Un aquarium avec un unique spécimen de Serrasalmus Rhombeus fait son effet dans un intérieur. Une forme d’attachement s’installe avec ces animaux imposants. Certains spécimens finiront même par se pavaner devant la vitre frontale en suivant le doigt de l’aquariophile. Ce n’est pas un but en soi, mais c’est ce que vous devez attendre de mieux avec un Serrasalmus.
Choisir une espèce
Si toutes ces contraintes comportementales ne vous rebutent pas, il est temps de choisir une espèce.
Il existe une vingtaine d’espèces de piranha solitaires. Une grande variété de formes, de couleurs, de comportements mais surtout de tailles sont possibles. On trouve des Serrasalmus d’une quinzaine de centimètres comme Serrasalmus irritans mais aussi des mastodontes comme Serrasalmus Manueli et ses 60cm adultes. Consultez les fiches de la rubrique espèce pour vous informer sur les différentes espèces et les recommandations en termes de volume.
Installation et agencement
L’éclairage doit être le plus tamisé possible afin de sécuriser le poisson, quelques plantes flottantes sont très appréciées, lentilles d’eaux ou pistia par exemple. De toute façon, les plantes que nous utilisons pour les bacs de piranhas ne demandent pas un éclairage puissant. Des racines araignées en hauteur fonctionnent très bien et procurent une sensation de sécurité pour le poisson.
Serrasalmus maculatus est parfois timide
Au niveau de l’agencement, Le maximum de surface de nage est conseillé, avec plantes et racines mises stratégiquement dans le but de créer des cachettes tout en garantissant une surface de nage. Un poster de fond noir ou un décor en relief rassure en général les spécimens.
Pour la filtration, prévoyez 4 fois le volume par heure. Il est important de siphonner les restes de nourritures après les nourrissages. Sur le marché, il existe une large gamme de pompes externes, les filtrations internes sont à proscrire car pas assez puissantes pour ces animaux, prennent de la place.
On peut également placer une pompe de brassage à l’opposé du bac en direction de la canne d’aspiration pour soulever les déchets et ainsi augmenter l’efficacité.
Pour les volumes supérieurs à 1000 L, il est préférable de passer à un système de filtration par décantation qui est plus adapté.
Pour le chauffage, un watt par litre. Pour les bacs de plus 400 L il est préférable d’utiliser 2 thermoplongeurs, afin de mieux répartir la chaleur et ainsi éviter la surconsommation.
Pour terminer, il ne faut pas oublier que l’acquisition d’un tel animal doit être mûrement réfléchit. Un Serrasalmus solitaire, c’est un engagement sur le très long terme : serez-vous prêt à accorder du temps, de l’argent et de l’attention à ces animaux peu remuants pendant une dizaine d’année sans lassitude ?
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